lunes, 24 de septiembre de 2018

Le Petit Chaperon Rouge face à Cerbère

Expérimentation générique et dialogisme intertextuel : Perrault, La Fontaine, Apulée, Straparola, Basile


Ute Heidmann

According to Ute Heidmann, Perrault’s tales have very complex intertextual relations with other generic forms which already existed in other European literatures. Heidmann demonstrates here how Perrault experiments “generically” with the fairy tale and how he creates new generic forms from other tales by Apuleus, Straparola, Basile, or La Fontaine. This dialogic process is here underlined by the analysis of three particular fairy tales, Sleeping BeautyLittle Red Riding Hood (in this fragment) and Blue Beard. Heidmann shows how, by introducing key differences with the Latin, Italian and French models, Perrault succeeds in creating a new generic variation of the fairy tale : “the pseudo-naïve fairy tale”.


'[···] canis namque praegrandis, teriugo et satis amplo capite praeditus, immanis et formidabilis, tonantibus oblatrans faucibus mortuos, quibus iam nil mali potest facere, frustra territando ante ipsum limen et atra atria Proserpinae semper excubans servat vacuam Ditis domum. hunc offrenatum unius offulae praeda facile praeteribis ad ipsamque protinus Proserpinam introibis, quae te comiter excipiet ac benigne, ut et molliter assidere et prandium opipare suadeat sumere. sed tu et humi reside et panem sordidum petitum esto, deinde nuntiato quid adveneris, susceptoque quod offeretur rursus remeans canis saevitiam offula reliqua redime [···].'
[···] et offulae cibo sopita canis horrenda rabie domum Proserpinae penetrat. nec offerentis hospitae sedile delicatum vel cibum beatum amplexa, sed ante pedes eius residens humilis cibario pane contenta Veneriam pertulit legationem. statimque secreto repletam conclusamque pyxidem suscipit et offulae sequentis fraude caninis latratibus obseratis residua [···]

Apuleius, Asinus aureus.


The grandmother lived out in the woods, half a league from the village, and just as Little Red Riding-Hood entered the woods, a big bad wolf came across her. Red Riding-Hood did not know what a wicked creature he was, and was not at all afraid of him.

"Good-day, Little Red Riding-Hood," said he.

"Thank you kindly, Mr. Wolf."

"Whither away so early, Little Red Riding-Hood?"
"To my grandmother's."
"What have you got in your apron?"
"Cake and buttermilk; yesterday was baking-day, so poor sick granny is to have something good, to make her stronger."
"Where does your grandmother live, Little Red Riding-Hood?"
"A good quarter of a league farther on in the wood; her house stands under the three large oaks, the nut-trees are just below; you surely must know it," replied Little Red Riding-Hood.
The wolf thought to himself, "What a tender young creature! what a nice plump mouthful -- she will be better to eat than the old lady! I must act craftily, so as to catch both." So he walked for a short time by the side of Little Red Riding-Hood, and then he said, "See Little Red Riding-Hood, how pretty the flowers are about here -- why do you not look round? I believe, too, that you do not hear how sweetly the little birdies are singing; you walk gravely along as if you were going to school, while everything else out here in the woods is merry."
Little Red Riding-Hood raised her eyes, and when she saw the sun's rays and the butterflies dancing here and there through the trees, and pretty wildflowers and nuts growing everywhere, she thought, "Suppose I take grandmother a fresh bouquet, and a handful of nuts; that would please her too. It is so early in the day that I shall still get there in good time;" and so she ran from the path into the woods to pursue butterflies, and to look for wildflowers and nuts. And whenever she had picked one, she fancied that she saw a still prettier one farther on, and ran after it, and so got deeper and deeper into the woods.
Meanwhile the big bad wolf ran straight to the grandmother's house and knocked at the door.
"Who is there?"
"Little Red Riding-Hood," replied the wolf. "She is bringing cake and butter; open the door."
"Lift the latch, and the door will open," called out the grandmother, "I am too weak, and cannot get up."
The wolf lifted the latch, the door flew open, and without saying a word he went straight to the grandmother's bed, and devoured her. Then he put on her clothes, dressing himself in her négligée and nightcap, laid himself in bed and drew the curtains.
Little Red Riding-Hood, however, had been running about picking flowers, and when she had gathered so many that she could carry no more, she remembered her grandmother, and set out on the way to her.
She was surprised to find the cottage-door standing open, and when she went into the room, she had such a strange feeling that she said to herself, "Oh dear! how uneasy I feel today, and at other times I like being with granny so much." She called out, "Good morning," but received no answer; so she went to the bed and drew back the curtains. There lay her grandmother with her nightcap pulled far over her face, and looking very strange.

"Red Riding-Hood," word of mouth.

« Il te suffira de lâcher une galette »   le Petit Chaperon Rouge face à Cerbère



38La suite de la descente aux Enfers confronte Psyché à de nouveaux dangers qui permettent à Perrault de « fabriquer » son deuxième conte  : Le Petit Chaperon Rouge. De nouveau, Perrault introduit des différences significatives, non seulement par rapport à la fabella d’Apulée, mais aussi par rapport au « badinage » du conte galant de La Fontaine 52.



39Pour arriver chez Proserpine, Psyché affronte un énorme chien « aboyant d’un gosier tonitruant » et « formidablement monstrueux ». La tour bienveillante lui indique comment ne pas se faire dévorer par ce chien monstrueux  : « Il te suffira de lui lâcher une galette pour l’apprivoiser et qu’il te laisse passer. » Une fois le chien monstrueux apprivoisé, lui dit la tour, « tu seras vite chez Proserpine, qui t’accueillera courtoisement et bienveillamment, jusqu’à te proposer de t’asseoir à ton aise et de prendre un généreux repas ». Psyché devra absolument refuser cette proposition de s’installer « mollement » sur le siège confortable  : « Mais toi, assieds toi par terre et demande du pain noir à manger. » Psyché devra ensuite reprendre le récipient rempli et « racheter son passage au chien furieux » avec la « galette restante56 ». Si Psyché doit traverser les ténèbres munie de deux galettes et du récipient pour aller à la demeure de la Grande déesse des morts, le Petit Chaperon Rouge doit traverser un bois pour porter « une galette et un pot de beurre » à la maison de sa « Mère-grand ». À la différence notable de la protagoniste du conte ancien, si bien conseillée par la tour, celle du conte moderne ne reçoit aucun conseil avant de se mettre en chemin. Sa mère, dont il est pourtant dit qu’elle était « folle » d’elle, ne lui fait aucune recommandation avant de l’envoyer traverser le bois pour se rendre à la maison de sa Mère-grand.



40Le comportement de ce Petit Chaperon Rouge ignorant des dangers apparaît par la suite, comme l’exacte inversion de celui de Psyché qui exécute scrupuleusement les conseils de la tour. Au lieu de suivre le chemin mal frayé « directement »le petit chaperon rouge s’en va « par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, & à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontroit». Au lieu de passer sans « ouvrir la bouche et sans répondre aux sollicitations », elle s’arrête pour bavarder et répondre aux questions de « compère le Loup ». Malgré sa peur de la « grosse voix » contrefaite du Méchant Loup, elle entre dans la maison de sa Mère-grand avec beaucoup moins de précaution que sa sœur antique franchissant le seuil du palais de la Grande déesse des morts gardé par Cerbère. Au lieu de « fermer la gueule au chien aboyeur grâce au truc de la galette restante59 », comme le fait Psyché, le Petit Chaperon Rouge pose à la demande du Loup « la galette & le petit pot de beurre sur la huche ». Enfin et surtout, au lieu de refuser le « siège moelleux », comme le fait Psyché qui reste « humblement assise » par terre, « le Petit Chaperon Rouge se deshabille, & va se mettre dans le lit ». La scène du lit se termine par une dernière inversion de l’aventure infernale de Psyché. Au lieu de « ressortir des Enfers nettement ravigotée», le Petit Chaperon Rouge y reste définitivement  : « Ce Méchant Loup se jetta sur le petit chaperon rouge, & la mangea. » La protagoniste de Perrault fait donc précisément ce que la tour bienveillante avait dit à Psyché de ne pas faire. Le narrateur indique très clairement la raison de ce comportement fatal  : « La pauvre enfant [...] ne sçavoit pas qu’il est dangereux de s’arrester à écouter un Loup. »
41Les lecteurs qui lisent le conte du Petit Chaperon Rouge comme une réponse intertextuelle à cet épisode de l’histoire de Psyché en comprennent la « morale cachée » et « très sensée ». La fabella fournit à Perrault les éléments qui lui permettent d’inventer une nouvelle histoire à partir de l’épisode de la descente aux Enfers. Pour doter ce noyau d’histoire ingénieuse d’une morale utile, Perrault la transpose et la retourne. Ce « retournement » révèle surtout une chose  : la responsabilité de la mère qui n’a pas averti sa fille des mauvaises rencontres qu’elle pourrait faire en sortant seule. Vêtue d’un petit chaperon de couleur voyante, qui met en valeur ses attraits, il lui manque l’assistance d’un « Grand Chaperon », une duègne sensée protéger l’honneur des jeunes filles. La signification de ce terme vieilli et le jeu de langage ironique qu’il implique étaient certainement perçus par les lecteurs et lectrices de l’époque.

As Jane Ellen Harrison notes, in Mythology, "the Hebrew word for "good" meant primarily "good to eat" (p. x). Thus, perhaps, to some extent, the meaning of "good" continues on some subliminal level to point toward the idea "good to eat." Let's think about this: The divinely inspired Tower's advice to Psyche, that she must refuse the "magnificent meal" Persephone offers her emphasizes that, in Tartarus, no matter how things may appear, Psyche is threatened by what is NOT good.



Square 31 The BARLEY CAKE in the air that Psyche throws to the three-headed guard dog CERBERUS. The most difficult challenge for Psyche at this point is that she has to repeat each of these acts on her way up and out of the underworld: hide the second coin for the ferryman (Charon), the second cake for Cerberus, all the while refusing to succumb to pity. This is the first time in the myth that she has to show this self control. No gods or animals come to her aid. The painter (Lynn Taber) shows other broken offerings on the ground in front of the dog’s mouth. And the prickly pear, larger now, makes an appearance from the lower right hand corner, waiting for her return. 



Square 32 At PERSEPHONE’S TABLE, Psyche asks only for coarse bread and sits on the ground to eat as the tower instructed. All these ritual tokens mark Psyche as a visitor to the land of the dead. Her offerings set her apart from the dark life of the shades in (the realm of) Hades. In psychological terms it would mean that she does not identify with the unconscious. By this point Psyche is strong enough— having been tested by despair and suicidal feelings several times in the course of her journey—to carry out the tower’s orders. She maintains her egoconsciousness in the face of unconscious energy pulling her down and under. ... which adds to her heightened awareness of the responsibility she is carrying.


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