La Vraie Fiancée
La Marâtre impose à la Jeune Fille des épreuves impossibles. Avec
l'aide d'un Ange, elle parvient à les surmonter, mais la Marâtre finit par la chasser.
Réfugiée dans la forêt, la Jeune Fille rencontre le Prince, qui promet de revenir bientôt la chercher. Entretemps,
elle fait la connaissance d'une troupe de comédiens, qui jouent devant elle un extrait de conte.
Mais le Prince croise la route de la Marâtre, qui lui fait boire l'eau de l'oubli. La pauvre Jeune Fille est jetée en
prison. Elle y retrouve les comédiens. Ensemble, ils jouent une pièce devant la cour. Le Prince, qui accepte d'y tenir
son rôle, rejoue ou revit sa rencontre avec sa bien-aimée. Il la reconnaît enfin, et les noces sont célebrées.
La Marâtre impose à la Jeune Fille des
épreuves impossibles. Avec l'aide d'un Ange, elle parvient à les surmonter, mais la
Marâtre finit par la chasser, au profit de sa demi-soeur, qui n’est qu’une poupée de
cire, représentation de l’enfant que la méchante femme a perdu.
Réfugiée dans la forêt auprès d’un Jardinier philosophe,
la Jeune Fille rencontre le Prince, qui tombe amoureux d’elle et promet de revenir
bientôt la chercher pour l’épouser. Entre temps, elle fait la connaissance d'une
troupe de comédiens, menée par le Grand Acteur, qui jouent pour elle dans la forêt.
Mais le Prince croise la route de la Marâtre assoiffée de pouvoir, qui lui fait boire
l'eau de l'oubli afin qu’il se marie avec sa fille. La pauvre Jeune Fille est jetée en prison
où elle retrouve les comédiens. Ensemble, ils jouent une pièce devant la cour.
Le Prince, qui accepte d'y tenir son propre rôle, rejoue et revit sa rencontre avec sa
bien-aimée. Par le théâtre, la mémoire lui revient et il reconnaît enfin la vraie fiancée.
Ils célébrent les noces.
La jeune fille, loin des héroïnes passives et ingénues que l’on rencontre souvent
dans la littérature, possède ici une vraie richesse de caractère. Prisonnière du jardin
des questions et perpétuellement en proie aux doutes et au sentiment de culpabilité,
la force de son amour pour le Prince la révélera à elle-même et lui donnera le
courage de se battre pour le reconquérir. Ce Prince pour qui la jeune fille est prête à
tout, même à risquer sa vie, est bien loin du stéréotype du prince charmant. Ce
jeune homme en quête de sensations nouvelles et d’émotions fortes est sous l’emprise
de ses désirs. Fait rare pour un conte, celui-ci lui est infidèle. Abusé par le filtre
de l’oubli de la Marâtre, il tombera amoureux d’une illusion : la poupée de cire.
On assiste alors à un retournement du schéma traditionnel du conte : le personnage
féminin devient l’acteur de la quête et le prince l’objet à conquérir. L’élément
perturbateur, la Marâtre, incarnation de la figure du mal, est plus complexe qu’il n’y
parait. Cette femme toujours accompagnée d’une poupée à l’effigie de sa fille,
symbole du deuil impossible de l’enfant, incarne une figure du mal à visage humain.
Elle est en effet tiraillée entre ses propres désirs et ceux qui nous sont imposés par
la société : le travail comme valeur suprême, l’ambition, la réussite sociale… Pour
contrer les plans de sa belle-mère et retrouver son Prince, la jeune fille peut compter
sur l’aide de deux adjuvants : son ami le Jardinier, proche de la nature, qui distille
une parole poétique empreinte d’une grande sagesse, et sur l’Ange, figure maternelle
et réconfortante qui aidera la jeune fille à trouver sa voie.
Le prince est présenté comme invincible : il a traversé des
cercles de flammes pour sauver des princesses, il a combattu le lion sanguinaire, les avalanches, les tornades, les raz-demarée
ne l’ont pas effrayé, et pas même le dragon quand il a
ouvert sa gueule, et pourtant ce prince cherche la peur (« ce
doit être un sentiment sublime »). Ce sentiment, il le découvre
lorsqu’il tombe amoureux.
C’est la jeune fille d’abord qui rencontre le prince, mais sans
le savoir car il ne porte pas sa couronne. En voilà déjà un
qui a du mal à assumer son statut, nous en rencontrerons
d’autres, mais il rejoint vite la tradition. Quand il lui rappelle
sa condition...
Le prince : C’est un prince que tu vas épouser.
La jeune fille : L’homme me suffit. (...)
et, lui, rappelle son destin, sa lignée à prolonger,
sa couronne qu’il doit aller chercher :
Le prince : Cette couronne était à mon père.
Lorsqu’il a bu le philtre d’amour et d’oubli et cherche à séduire
la fille de la marâtre, il ne sait comment s’y prendre. La marâtre
le conseille, selon sa propre vision du pouvoir princier: «Promettez
des désastres, (...) Offrez-lui le monde ». Et lui de répondre : «Nous brûlerons les cathédrales, nous incendierons
les cieux. » (...) « Le monde ? je vais te dire, princesse de quoi est
fait le monde. De ce que l’on prend. Le reste n’existe pas. Si tu veux, je
pillerai le monde et je jetterai les trésors à tes pieds et toi, tu resteras muette
c’est comme ça que je t’aime. Dieu non plus ne répond pas » (p.40).
Entre temps, dans la mise en scène du même Olivier Py, la
marâtre qui manipule physiquement le prince, s’est emparée
de la couronne et l’a posée sur sa propre tête.
Un peu plus loin, la marâtre poursuit ses incitations : Déclarez
la guerre. Brûlez les vergers. Accusez les étrangers. C’est un empire que
veut votre fiancée. C’est un nom dans l’histoire que nous voulons.
Par opposition, elle lui soumet avec mépris la seule alternative
qui existe : Voulez-vous être un homme? Avec des désirs
inassouvis, des réconforts banals, des amours dérisoires... l’anonymat,
la culpabilité, l’ennui...
Le prince entre dans ce « jeu » et repousse la jeune fille venue
le retrouver et lui raviver la mémoire : Elle est belle et tu es laide.
(Dans la mise en scène, la jeune fille n’est pas coiffée et elle
porte des lunettes !, l’anti-princesse, par excellence).
Elle n’a pas peur du silence.
Elle me demande de grandes choses et toi,
qu’est-ce que tu veux de moi ?
Elle ne mourra jamais.
« Elle jouera les princesses », dit le grand acteur lorsque
la demi-sœur mannequin est retrouvée brisée. « Pour jouer les
princesses, une poupée suffit. »
La fille aux mains coupées
Seule, errante, affamée, la Jeune Fille, aidée d'un Ange, entre dans le jardin du Prince. Celui-ci reconnaît en elle
sa promise, l'épouse et lui offre des mains d'argent.
Mais une longue guerre éclate, et le Prince doit partir. Le Diable, déguisé, intercepte les lettres que s'écrivent les
deux époux, et revient de l'armée avec un faux ordre du Prince : la Princesse doit périr ! Avec l'aide de l'Ange, la
malheureuse se cache dans la forêt. Sept ans après, le prince la retrouve, embrasse son fils - et découvre émerveillé
que les mains de la Princesse ont repoussé.
La jeune fille s'appelle désormais la Princesse et
le soir de leur mariage, le Prince lui offre deux
mains d'argent. Mais dès le lendemain les tambours
de la guerre se font entendre et le Prince
doit partir accomplir son devoir.
Les mois passent et la Princesse se languit. Elle
se sent inutile et voudrait rejoindre le Prince à
la guerre mais elle attend un enfant et le jardinier
veille sur elle. Lorsque l'enfant naît, il écrit
la nouvelle au Prince mais son messager n'est
autre que le Diable travesti qui déchire la lettre
et la remplace par une autre, de son cru.
Le Diable travesti apporte au Prince le message
de la naissance d'un monstre hideux mais
l'amour du second ne se dément pas et il renvoie
le messager avec une lettre de réconfort
extrême pour la Princesse. À nouveau le Diable
la déchire et la remplace par l'ordre donné au
jardinier de tuer l'enfant nouveau-né.
Le jardinier ne peut s'y résoudre, sans rien dire
il tue une biche pour en garder la langue et les
yeux, attache l'enfant au dos de sa mère et dans
l'espoir que l'Ange veillera sur elle, lui recommande
de fuir dans la forêt. La Princesse, sans
savoir pourquoi, se retrouve à nouveau seule
sur la route. Néanmoins, cette fois elle devine
que son Ange ne l'abandonnera pas et de fait, il
lui trouve une cabane de bûcheron où elle sera
à l'abri du Diable.
Sept ans plus tard, le Prince revient de la guerre,
il s'inquiète de ne pas retrouver sa femme ni son
fils. Il apprend du Jardinier le sort de sa famille
et comprend la supercherie du Diable. Parti à sa
recherche, il retrouve sa femme qui le reconnaît
sans même qu'il dise son nom. Le Prince
découvre alors son fils, s'émerveille que les
mains de sa femme aient repoussé et annonce sa
volonté de célébrer leur mariage une deuxième
fois, comme devront l'être désormais tous les
mariages de son pays.
Il suffit donc à l'héroïne, devenue princesse, d'avoir pu se marier malgré
sa mutilation - et même d'avoir deux fois donné sa main à l'élu de son coeur : une fois en-deçà, une fois par-delà
l'oubli et les épreuves.
Elle va ainsi rencontrer le besoin (comme le
besoin de manger, le besoin d'aide à cause de
son amputation), l'angoisse de la solitude et
de l'attente lorsque son mari part à la guerre, la blessure de la trahison - celle de son mari, comme autant d'étapes
symboliques de formation.
Une musique militaire retentit quand le prince
doit partir à la guerre, etc.
Le bien triomphe toujours, le diable est toujours vaincu, même quand tout paraît perdu. Dans
La Jeune Fille, le Diable et le moulin, les mains de la Princesse ont repoussé, le Prince retrouve la Princesse et son fils qui ont été protégés.
Trois mois d'absence du
Prince après leur mariage puis encore neuf mois
(le temps de la gestation). Le prince revient de
guerre après plus de 7 ans. Les textes sont donc
en partie elliptiques, ces laps de temps divers
ne sont pas traités par l'intrigue des contes. Le
temps passe uniquement par le texte.
Les lettres déchirées deviennent
des confettis (effet de magie théâtrale).
Les mains de la Princesse repoussent.
Pourquoi le Prince doit-il se séparer de sa femme ?
Quels sont les signes qui montrent que la jeune fille a accompli sa guérison ?
A ton avis, pourquoi le Prince et la jeune fille célèbrent-ils leur mariage une seconde fois ?
Extrait de La Vraie Fiancée:
LE PRINCE: J'étais un enfant, l'armure était trop lourde pour moi. Mon père murmurait à mon oreille, il caressait mes cheveux.
"Je serai toujours avec toi", et son cheval était un grand cheval rouge, et le froid est entré en moi quand il
a disparu. C'était pendant les guerres, la terre était sans bords, les pères étaient beaux. Quelquefois, la nuit, je
pouvais voir du haut de ma fenêtre le miroitement lointain des villes en flammes. J'entendais un grondement
chimérique et je pensais entendre le coeur du monde qui battait sourdement.
Je voudrais l'entendre encore.
LA JEUNE FILLE: Viens sur mon coeur, écoute. C'est cela ?
LE PRINCE: Oui.
LA JEUNE FILLE: Il y a quelques heures à peine, j'étais coupable.
Je te donne ma blessure, c'est par elle que tout ce qui est entre dans ton âme. Et maintenant, entends les pierres
et les ruisseaux et toutes les choses vivantes qui t'appellent. Vois-moi, entends-moi, sauve-moi.
LE PRINCE: Je te vois. Je t'entends, mais j'ai peur.
LA JEUNE FILLE: Une vie nouvelle s'ouvre à nous.
LE PRINCE: Oui, maintenant je sais ce que c'est que la peur. Je dois retrouver la clairière où j'ai enterré ma couronne.
LA JEUNE FILLE: Tu veux partir ? Déjà ?
LE PRINCE: Il me faut ma couronne pour te demander en mariage. Et rencontrer tes parents.
LA JEUNE FILLE: Mes parents, les voilà ; la nuit et le jour. Tu les connais. Ils me donnent à toi.
LE PRINCE: C'est un prince que tu vas épouser.
LA JEUNE FILLE: L'homme me suffit. Nous pourrions vivre ici, dans cette cabane, sous ce tilleul, il sent bon, les abeilles bourdonnent,
tout est plein d'or et de promesse.
LE PRINCE: Cette couronne était à mon père.
LA JEUNE FILLE; Alors va, mais reviens vite.
EXTRAITS DE LA GUERRE DANS "LA FILLE AUX MAINS COUPÉES"
Scène 11
Le diable
O le bel endroit qu’un champ de bataille ! On voit la plaine qui rougit ! Les blessés pleurent avec
le soir qui tombe ! Et partout ces arbres brulés ! Qui craquent infiniment ! Un théâtre !
En quoi le diable est-il l’élément théâtral qui provoque tous les évènements de cette
pièce ?
Scène 8
Le prince
Il faut me pardonner. Je ne suis né que pour deux choses : t’aimer et combattre. Je ne connais la
guerre que par les jeux d’enfant. Epées de bois, chevaux de bois. En ce jour, Dieu m’a fait deux
fois homme. Tes bras cette nuit, mon armée au matin. Je suis heureux et naïf, je reviendrai
heureux et sage. N’oublie pas que je suis un prince. L’absence est mon blason.
En quoi le prince est-il prisonnier de son rôle de prince ?
En quoi le prince appartient-il au monde du diable et de la souffrance ?
EXTRAIT DE "LA VRAIE FIANCÉE"
La jeune fille : De quoi parle la pièce ?
Le grand acteur : Une histoire épouvantable.
Elle
est jetée dans la forêt, arrive un prince, mais…
Le jardinier : Mais ?
La jeune fille : Il est infidèle ?
Le grand acteur : La guerre les sépare.
Le jardinier : Triste réalité humaine.
Le grand acteur : Nous sommes le théâtre du
désespoir. Nous ne jouons que des histoires
sinistres qui finissent affreusement mal, où l'injustice
triomphe, où les méchants sont glorifiés,
les humbles oubliés…
La jeune fille : Pourquoi ?
Le grand acteur : Parce qu'ainsi va le monde.
Le jardinier : Ah.
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